L’Esthétique de Leibniz, de Baumgarten et de Kant
Qui est le fondateur de l’esthétique et qu’est-ce qui est l’esthétique aujourd’hui ?
L’esthétique est une approche philosophique proprement spéculative qui vient de l’Allemagne. En XVIIIe siècle, ce terme va pénétrer en France, en Italie et en Angleterre. A cette époque, beaucoup de philosophes sont passionnés par les questions sur le rapport entre les sentiments et la raison. Tout le monde réfléchit sur l’union entre la raison et les sentiments. Cette question est déjà chez Platon. Il s’agit du sensible et de l’intelligible. Donc la deuxième moitié du XVIIIe siècle est vraiment obsédé par la synthèse possible, une sorte de sortie de ce dualisme.
L’un des philosophes allemands qui réfléchit aussi sur cette question et qui a exercé une grande influence sur l’invention de l’esthétique est Leibniz. Chez lui, il y a une petite perception qui s’appelle la perception inconsciente. En d’autres termes, c’est une perception de toutes petites différences et ses petites différences sont trop petites pour apparaître à la conscience. Pascal l’appel l’esprit de finesse. C’est une possibilité de saisir les nuances. Pour illustrer ce sens, Leibniz prend un exemple du bruit de la mer. Pour entendre le bruit de la mer, il faut qu’on entende confusément le bruit de chaque vague. C’est à dire que le bruit de la mer c’est l’assemblage conçu des vagues. Alors, cette perception claire mais confuse fait la possibilité de l’esthétique. Par conséquent, le domaine de l’esthétique est le domaine des perceptions confuses mais qui quand même existent et qu’on ne peut pas rejeter du côté pathologique de l’image.
Comme on l’avait dit, l’esthétique vient de l’Allemagne mais il faut préciser que quand les allemands parle de l’esthétique ils désignent ce que les français et les anglais du XVIIIe siècle l’appellent la critique du goût. Dans La Critique de la raison pure, Kant mentionne le nom de Baumgarten comme l’inventeur de ce terme « Esthétique ». Le projet de Baumgarten consiste dans la soumission de la critique du jugement de goût à des principes rationnels. C’est une idée de la rationalité esthétique. En effet, Baumgarten subsume le même concept celle de l’esthétique : la beauté, le goût, les beaux-arts, l’expérience sensible. Chez lui, l’esthétique est la science de la connaissance sensible. C’est vraiment étonnant parce que chez Platon et les grecques il n’y a pas de connaissance sensible. Il y a une connaissance intelligible du sensible, c’est-à-dire une connaissance abstraite du sensible. Selon Baumgarten, il y a l’esthétique, la connaissance sensible et la science de cette connaissance. Cela renvoie à la distinction Leibnizien entre un monde inférieur sensible et supérieure intelligible. C’est l’idée proprement leibnizienne. On a à côté la connaissance logique et la connaissance d’organe inférieure, c’est à dire d’organe du sensible. Par conséquent, le projet de Baumgarten est d’établir une synthèse entre l’art et la science ce que Kant rejet absolument.
Pour Kant, l’esthétique est une esthétique transcendantale, c’est à dire la science de tous les principes du sensible a priori. Il s’agit d’un visage du sensible cognitif. La sensibilité participe à la formation de la connaissance. Pourtant, dans la troisième critique elle est totalement dépourvue de tout le pouvoir de la connaissance. Donc, il y a une tension. Dans la première critique, la sensibilité est cognitive mais passive alors que dans la troisième critique la sensibilité est non cognitive mais active. Donc, l’esthétique transcendantale de Kant n’a rien à voir avec l’esthétique de Baumgarten. C’est la source de l’ambiguïté. On a deux usages très différents de ce mot. Il y a deux manières de concevoir l’esthétique. Soit il y a une manière qui consiste à concevoir l’esthétique comme une théorie de l’art, comme une réflexion philosophique sur les œuvres d’art. Soit il y a une manière kantienne et post kantienne de concevoir l’esthétique comme un jugement esthétique et ce jugement ne se limite pas au jugement comme l’on porte sur des œuvres d’art.
Bibliographie:
- Kant, Critique de la faculté de juger, sous la direction de F. Alquié, Paris, 1985, p. 159.
- Alexander Gottlieb Baumgarten, Meditationes philosophicae de nonnullis ad poema pertinentibus, Halle 1735
- Leibniz, Discours de Métaphysique, § XXIV, in : Die philosophischen Schriften von G. W. Leibniz (cf. note 5), vol. 4, p. 449.