La transformation du regard sur l’art est inséparable du développement des espaces publiques qui présentaient les œuvres comme exposition dans les salons au XVIIIème siècle. Jusque-là, la peinture était faite pour être vue, mais pas pour être regardée comme nous la regardons aujourd’hui. Dans une église, le tableau était non seulement un objet du regard, mais aussi un objet d’émotion. Il est fait pour susciter le sentiment religieux. Un tableau dans un palais était fait pour soulever les sentiments politiques. On y admire la croissance, la puissance royale, la beauté d’édifice. Donc, ce ne sont pas simplement des objets du regard pur. Ce sont des objets de contemplation. Aujourd’hui, les œuvres d’art ne sont pas liées à l’espace religieux, à l’espace politique, à l’espace dans lequel notre corps déplace pour manger ou dormir. Ce sont des objets du goût qui font abstraction du monde extérieur. C’est un changement dans le rapport du corps du spectateur à l’objet d’art. La peinture devient un objet d’exposition dans le musée qui a entièrement changé les conditions du regard sur l’art.

La position du spectateur est construite non seulement par le déplacement de l’objet d’art ou par la réflexion sur l’art, mais aussi par l’art lui-même. La manière d’inclure ce qui est à l’extérieur de la représentation est représenter le reflet du point de vue sur le tableau par le miroir à l’intérieur dans le tableau. L’autre jeu avec représentation est une idée de peindre les figures indifférentes. Ils ne regardent pas ce que nous regardons. On peut aussi mettre en scène les spectateurs qui se situent à l’extérieur de l’histoire. Ils admirent ou regardent mais ils ne font pas partie de ce qui se passe dans le tableau.

En conclusion, le développement de la presse périodique en France au XVIIIème siècle anime le public à faire un certain emploi critique de la raison. Jean-Baptiste Dubos rejoint ce mouvement en offrant un nouveau type de discours qui n’existait pas du tout auparavant. Ce discours sur l’art n’est pas un discours d’artiste, mais un discours des gens qui sont intéressés à l’art. Dubos réexamine « sens », en traduisant une conception essentiellement individualiste, celle du « sixième sens ». Un sens sans organes ou un sens esthétique qui nous fait admirer l’imitation des objets d’art. Ainsi, l’idée du jugement de goût comme le jugement sans intérêt transforme le regard sur l’art et la position du spectateur d’une manière fondamentale.     

Bibliographie :

  • Jean-Baptiste Dubos, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1719