Kafka dit que du mal est enformé du bien, mais du bien ne sait rien du mal. Seul le mal a la connaissance de soi-même. D`où vient qu’on ne peut pas connaître le mal sans devenir soi-même mauvais. Cela rejoint la grande ligne de la pensée greque sur la connaissance qui suppose que je me rends semblable parce que je le connais. Donc, il ne faut pas dialoguer avec cette peur. La connaissance du mal est hors de question puisque je dois devenir mauvais pour connaitre le mal.

Contre cette phrase de Kafka, Pascal énonce que le mal est enformé de soi-même. De plus, l’interdiction révèle le mal. Alors, la loi de ne pas dialoguer avec la peur provoque la peur de la peur. Cela surgit dans mon esprit la possibilité du mal que je n’ai jamais pensé. Donc, il faut faire des exercises pour lutter la peur.

Pour Plotin, le mal est comme l’absence, l’obscurité. Il est indéterminé. Ainsi, il faut connaitre le mal pour pouvoir lutter contre lui, pour ne pas le devenir. Il faut juste distinguer la connaissance et l’expérience du mal. Si le mal est une absense, cette connaissance n’implique pas l’expérience du mal.
L’expérience du mal ce n’est pas seulement l’expérience de le faire, mais aussi de le subir. Subir le mal peut ouvrir la possibilité du mal. Par exemple, il y a la tentation de répondre au mal, la tentation de vengeance.

Pourtant, il faut aussi distinguer le mal effectif et la possibilité du mal. Est-ce que l’expérience de la possibilité du mal est en même temps le mal? En grec, la tentation (Tentatio) signifie mis à l’épreuve. Si j’ai mis quelqu’un à l’épreuve, c’est pas pour le pousser vers le mal, mais pour voir qu’il est. Pour St. Augustin, la tentation est une question que Dieu nous adresse. C’est pourquoi St. Augustin distingue deux types de la tentation:

  • la tentation comme mis à l’épreuve,
  • la tentation que peux nous poussser vers le mal.

Si j’ai été mis à l’épreuve, je peux révéler le mal ou la justice que était déja en moi. C’est un autre aspect d’examiner la question du mal dans le sens de la découverte de soi.

Bibliographie:

  • Franz Kafka, Les Aphorismes de Zürau, édition de Roberto Calasso, traduit de l’allemand par Hélène Thiérard, Gallimard, « Arcades »
  • Plotin, Ennéades, Traduction Marie-Nicolas Bouillet (1857-1861)
  • St. Augustin, Les Confessions
  • Blaise Pascal, Pensées, Lausanne, Éditions Rencontre (1re éd. 1960), 621 p.