L’âme de Plotin
Selon Plotin, l’âme est le troisième niveau de l’univers qui procède de l’Intellect. Il y a trois dimensions de l’âme:
- L’âme totale que se converte en Intellect. Elle reste en elle-même.
- L’âme du monde que anime le monde tout entier. Elle reste aussi en elle-même.
- L’âme particulière qui anime le monde particulier. Elle peut changer des niveaux, se séparer du corps ou s’incorporer.
Aux niveaux de l’âme totale et de l’âme du monde il n’y a que du bien, de la beauté. Tout est divin. Il n’y a ni le mal, ni la possibilité du mal. On commence à trouver cette possibilité avec l’âme particulière. Quand l’âme traverse l’intelligible, elle a peur de ne plus rien voir. L’âme regarde l’obscurité du non-être ce qui est contre nature. En pensant la matière, l’âme devient obscur et indéterminé puisqu’on perçoit le semblable par le semblable, l’indéterminé par l’indéterminé. À ce moment-là, l’âme dégrade, sort de la condition habituelle. C’est une perte, dépossession. La chute de l’âme dans un corps est un exemple du mal au niveau individuel. Notre venue dans un corps ici et maintenant est le fait de séduction de l’âme par l’image corporelle. L’âme totale qui n’est pas incorporée regarde vers l’Intellect, qui lui-même regarde vers l’Un. Si on reste là, en repos, il n’y a pas de monde sensible. Si les âmes ne venaient pas animer des corps variés dans le monde, ce serait le monde sans aucune vie, le monde imparfait et laid. L’âme totale serait la dernière des êtres. Ça veut dire qu’elle est stérile et ne peut rien faire, donner, transmettre. Si après elle il n’y avait plus rien, cela contredirait son statut de perfection en quelque sorte divine. Donc, du point de vue cosmique l’âme incorporée est une nécessité pour la beauté du monde. Malgré le mal au niveau individuel, nous sommes en mission dans notre corps pour que le monde soit beau. Ainsi, il y a le double point de vue pour regarder le même évènement.
Pour Plotin, ce n’est pas l’âme qui est dans un corps, c’est le corps qui est dans l’âme. Néanmoins, ce n’est pas dire qu’autour de moi il y a une sorte de l’âme mystérieuse. L’âme engendre et organise son propre corps pour pouvoir procéder. Autrement dit, mon corps est une manifestation comment mon âme se détermine en êlle-même.
S’il y a une possibilité du mal au niveau de l’âme particulière, la question se pose si l’âme peut se perdre complètement. Est-ce qu’il y a un enfer? Selon Plotin, l’âme ne change pas après la mort. C’est toujours la même âme qui passe d’une vie à l’autre, d’un corps à l’autre. L’âme vie simultanément dans le sensible et dans l’intelligible. L’âme peut se perdre, mais ce déclin n’est pas conçu comme destruction de tout bien en moi, de toute pureté. La perdition de l’âme est le fait que ce bien et cette pureté me sont devenus inconnus et inaccessibles. C’est une forme d’aliénation. A ce moment-là, l’âme n’a plus accès à une dimension supérieure.
Bibliographie:
- Plotin, Ennéades, Traduction Marie-Nicolas Bouillet (1857-1861)