Les traités d’Aristote sur le mouvement des animaux ouvrent des débats totalement d’actualité pour les sciences du vivant. Préfigurant l’analyse contemporaine de la biomécanique, Aristote explique des principes qui font fonctionner les systèmes biologiques. Il montre plus précisément les relations existantes entre l’âme et les fonctions pour tous les niveaux d’organisation de l’animal. L’une des questions fondamentales qu’Aristote pose est de savoir pourquoi et comment les animaux se déplacent. Il expose le mécanisme de l’articulation comme une condition mécanique interne du mouvement, aborde la question du point d’appui externe et examine si le mouvement de l’animal dépend d’un agent externe. Suivant la même idée, Aristote établit les moteurs mobiles et immobiles qui orientent l’activité de l’animal vers une fin donnée.  Enfin, il passe de la faculté désirante au cœur en tant que principe interne du désir, puis aux mouvements locaux que dépendent immédiatement de lui. Dans cet essai, je vais donc observer la causalité des différents types de mouvements de l’animal ainsi que les principes de ces mouvements. Je vais également essayer d’approfondir la réflexion sur le moteur immobile et l’articulation  d’un point de vue alternative.

I. Le désir et l’intelligence de l’animal

Aristote commence sa théorie du mouvement par la critique de la division des facultés de l’âme [1]. Il n’est pas d’accord avec Platon sur le fait que l’âme possède différentes parties. S’il y a une division de l’âme, il s’ensuit que cette division soit infinie. En suivant une distinction déterminée par Platon, Aristote indique qu’il y a, par exemple, la partie des appétits, qui est tout à fait différente de toutes les autres. On ne pourrait pas facilement classer le désir ou la volonté de manger ni comme raisonnante, ni comme affective, ni comme passionnée. Ainsi, il faut que l’âme soit unie pour accrocher toutes les puissances, identiques ou dissemblables.

En tant que la cause qui meut l’animal dans l’espace, Aristote examine la nutrition, la sensibilité, l’intelligence (cognition) et le désir. Aristote ne définit tout d’abord pas la nutrition comme la puissance principale du mouvement. Si c’était le cas, les plantes aussi seraient mobiles, en prenant en compte les organes des plantes pour ce genre de mouvement. Ce n’est pas essentiellement la sensibilité qui meut l’animal. Il existe de nombreux animaux sensibles, mais qui sont privés de toute locomotion. Si la sensation était le principe du mouvement, cette affirmation violerait le principe des causes finales qui dit que la nature ne fait jamais rien en vain. De plus, la cause de la locomotion n’est pas l’intelligence spéculative puisqu’elle ne pense aucunement les choses qui sont à faire. L’intelligence contemple ou conçoit pour comprendre, alors que le principe du mouvement ordonne aux animaux de fuir ou de rechercher quelque chose. Même si la pensée pouvait donner ses ordres, cela ne suffirait pas pour que l’animal se meuve. Aristote donne un exemple de celui qui connait l’art de guérir, mais qui ne guérit pas toujours. Il distingue l’intelligence pratique par laquelle on pense et l’intelligence théorétique par laquelle on agit. Dans ce cas, c’est l’intelligence pratique qui est motrice puisqu’elle dispose de la connaissance du désirable et des modalités de l’action. Enfin, le désir n’est pas le seul moteur dans l’animal puisque sans imagination, l’animal ne pourrait pas calculer l’action pour atteindre l’objet désiré. Ainsi, les deux principes du mouvement sont le désir et la réflexion pratique.

Pourtant, Aristote remarque que ces deux moteurs peuvent « se trouver contraires les uns aux autres, et que cela survient chez les êtres qui ont le sens du temps [2] ». Par le sens du temps, on entend la délibération de l’intelligence sur les conséquences de l’avenir. D’autre part, l’intelligence prend en compte l’avenir, l’appétit en tant que le désir l’ignore. L’être se meut selon son appétit agit en raison du présent. Pour lui, l’objet qui est actuellement agréable paraît absolument bon puisque l’être ne voit pas l’avenir. Là, Aristote, distingue probablement les animaux qui ont le sens du temps et les animaux qui ne l’ont pas. On peut par exemple imaginer une souris affamée qui se retient pour ne pas approcher un chat en jouant avec un morceau de fromage. Il est évidemment que si la souris n’obéissait qu’à un instinct aveugle, elle se mouvrait pour saisir un morceau savoureux et ignorait le chat. D’un autre coté, il existe des animaux pour lesquels le désir commande par le besoin d’être satisfait immédiatement. Ces sont par exemple des animaux imparfaits, tels que les polypes, les mollusques ou les insectes infusoires. Il est douteux qu’un mollusque soit doué de raison. Il ne sait ce qu’il fait et se meut donc de façon indéterminée. Pour Aristote, un mollusque et d’autres animaux imparfaits n’ont que les sens du toucher. Leur désir entraîne le désir en produisant le mouvement sensitif. Le moteur chez eux est le désir qui ne possède pas la capacité délibérative.

Ainsi, et dans la mesure où l’intelligence et le désir se combattent, le principe qui meut serait donc un. Il faudra bien que le moteur unique soit le désirable puisque il est antérieur à tout ce qui suit. Le désirable est l’objet de l’intelligence et non pas le contraire. On peut dire que le désirable est une forme commune en vertu de laquelle la réflexion pratique et le désir se meuvent.

II. Le moteur mobile et le moteur immobile de l’animal

Chez Aristote, on ne doit pas simplement dire que le moteur meut, mais que le moteur est mû [3]. En conséquence, le moteur qui construit est lui-même un élément dans sa construction. La construction est un phénomène de réaction au sens de ce qui est construit et réagit sur ce qui construit. Ce qui est une jambe meut ce qui est une souris. En même temps, une souris meut une jambe. Pour le moteur mouvoir c’est apporter une forme. Le  mouvement est donc le fait d’apporter une forme à un mobile par contact de ce qui meut. Partant du fait qu’il y a contact, le mobile réagit et va en retour mouvoir un moteur et apporter une forme. Le mouvement doit donc se comprendre comme double : le moteur qui meut et le moteur mû. En réalité, c’est un seul et même phénomène car ce qui est moteur sera mobile. Le mouvement suppose toujours que le moteur est mû, il faut appliquer cette définition générale du mouvement également dans les deux sens. Mais ce principe sur lequel le moteur est mû n’est pas complètement universel. 

Dans la nature, il existe une réciprocité. Si x est en contact avec y, alors y est en contact avec x. Si un corps A est en contact avec le corps B, alors le corps B est en contact avec le corps A. Le mouvement suppose un contact. En conséquence, lorsqu’on dit que le corps A meut le corps B, cela suppose que A et B sont en contact. Ce que dit Aristote dans une formule paradoxale est que, parfois, le moteur touche le mû et le met en mouvement sans que le mû touche le moteur. Autrement dit, ce qui est touché ne touche pas. Il y a donc une dissymétrie dans le contact et le moteur reste immobile. Le moteur A reste donc immobile. Aristote explique que la règle selon laquelle l’action et la passion sont des phénomènes réciproques ne vaut pas pour un certain type de moteur qu’il appelle des moteurs immobiles [4]. Ce qui agit ou ce qui meut sans être lui-même dans un corps matériel n’est pas mû ou n’est pas en contact. Le moteur immobile est tout ce qui meut en étant immobile. La notion du moteur immobile apparaît dans tous les mouvements physiques. En fait, le moteur immobile est la forme en elle-même. Dans le cas des animaux, il existe un moteur immobile qui est l’âme. Il apparaît donc que le moteur immobile est le bien pratique sans lequel il est impossible qu’il y ait un mouvement. À ce titre, on peut reprendre la théorie plotinienne sur les animaux dans laquelle l’âme irraisonnable de l’animal procède de l’intellect [5]. Plotin distingue l’âme comme suit:

  • l’âme totale qui se convertie en Intellect,
  • l’âme du monde qui anime le monde tout entier,
  • l’âme particulière qui anime le monde particulier.

Alors que l’âme totale et l’âme du monde restent en elles-mêmes, l’âme particulière peut changer de niveaux, séparer des corps ou s’incorporer. L’âme vie simultanément dans le sensible et dans l’intelligible puisque elle a accès à une dimension supérieure. Il s’ensuit que l’âme particulière est mue par le changement de son état. Ce qui pourrait être le moteur immobile ou le principe de tous les principes, c’est l’Un d’où dérive l’Intellect et l’Âme. L’Un évite la multiplicité des formes puisque il est radicalement simple. D’ailleurs, il est la source de tout être, donc de tout mouvement des corps particuliers. Enfin, il est la source de tout sensible et intelligible, c’est-à-dire de tout désir qui meut des corps et en particulier des animaux.       

Ainsi, la cause première du mouvement est une forme et représente une forme immobile.  Ce premier moteur immobile meut quelque chose comme on appellera des moteurs mûs, c’est-à-dire des moteurs intermédiaires lesquels vont mouvoir des mobiles qui devient mûs.

Le schéma explicatif du mouvement des animaux chez Aristote

La loi de l’action réciproque sur laquelle ce qui agit se meut vaut aussi pour les mobiles mûs, vaut pour les moteurs mûs, intermédiaires mais ne vaut pas pour le premier moteur immobile, celle de l’âme. Toutes les formes qui dans une matière, par exemple, les jambes d’une souris meuvent et sont mûs. Les médicaments qui finissent par être absorbés par un organisme sont des instruments, des moteurs intermédiaires utilisés par le premier moteur pour agir sur le mobile.

III. La présence du repos à l’intérieur et à l’extérieur de l’animal

La faculté désirante est donc le moteur mû, intermédiaire qui meut l’animal lorsqu’il désire. Pourtant, Aristote montre que le moteur mû ne suffit pas pour le mouvement de l’animal [6]. Il faut qu’une partie de chaque animal soit en repos pour qu’une de leurs parties puisse se mouvoir. C’est pourquoi les animaux ont des articulations qui servent en quelque sorte de centre et de fondation sur laquelle se trouve le moteur mû. La représentation géométrique de l’articulation est la suivante : 

Lorsque les points D et A demeurent immobiles, le point B se meut. Le rayon AC montre l’articulation en acte, quand elle se met en mouvement.  On peut imaginer l’épaule qui, en restant au repos, meut le bras tout entier. De même, tandis que le genou reste immobile, la jambe se meut. Or, le centre (A) est en puissance aussi bien qu’en acte. L’effet de puissance se produit lorsque l’articulation est en repos. Dans ce cas, le centre est un. L’articulation se plie, en produisant aussi bien un acte de mouvement qu’en divisant ce centre.

Cependant, je doute qu’on puisse considérer les points immobiles D et A comme une partie en repos permanent. Avec la jambe mûe, le genou se meut également. Le bras est en mouvement en prolongement de l’épaule qui se meut comme une partie du bras mû. Ainsi, on peut noter que, au moment d’un acte du mouvement, une partie immobile se met aussi en mouvement, en subordonnant au moteur mû. La différence entre les deux est un degré et le caractère du mouvement. Bien que les mouvements des ailes d’un oiseau en volant soient intenses, son torse se meut au minimum, en vibrant entre les flux d’air. En effet, chaque articulation et muscle d’un oiseau est en tension pendant qu’il vole. Dans la figure suivante, le rayon AD2 représente cette petite déviation des points immobiles.      

Par conséquent, en prenant en considération la présence du repos à l’intérieur de l’animal, je distinguerais deux états de ce repos pour qu’ensuite l’animal se meuve. Alors que les points D et A constituent la partie immobile de l’animal, le rayon AD2 est considéré comme cette partie en acte. Il apparaît que pour Aristote que ce ne soit pas un mouvement des points immobiles puisque on peut dire que c’est le moteur mû qui se meut la partie en repos. Autrement dit, le genou ne se meut pas soi-même car il se meut par la jambe mû.

Il est d’autre part nécessaire qu’il y ait quelque chose d’immobile à l’extérieur. La souris n’avancera pas si la terre se dérobe sous ses pieds. La terre doit avoir une résistance. De plus, il est important que « ce qui offre une résistance soit autre que ce qui se meuve, qu’il soit distinct de celui-ci du tout au tout » [7]. Aristote prend un exemple du bateau qui se meut par le souffle de Tityos. S’il soufflait en étant à l’intérieur du bateau, le bateau ne bougerait pas. Mais s’il lançait le souffle de l’extérieur, il serait facile de mouvoir le bateau. Ainsi, alors que Tityos est lui-même dans le bateau, il n’y a pas de résistance entre le bateau et la mer. Alors qu’il pousse le bateau de l’extérieur, la résistance se produit et le bateau se meut. Aristote semble confondre l’immobilité avec la résistance ce qui n’est pas toujours le cas. Un bateau navigue sur les vagues qui sont constamment en mouvement. Il n’y a rien d’immobile à l’extérieur du bateau, mais le bateau se met en mouvement. De même, une souris peut se mouvoir en faisant tourner interminablement une roue grinçante. Ainsi, ce qui sert à soutenir le mû ne doit pas être nécessairement en repos et immobile. Envisageant cette difficulté, Aristote examine un exemple du ciel qui se meut par quelque chose également mû [8]. Il conclut qu’il faut que le moteur ultime soit immobile et qu’il ne soit pas partie du mobile. Par conséquent, même si la sphère céleste qui meut le ciel est mûe, elle est en contact avec quelque chose d’immobile. La mer et le vent qui meuvent un bateau sont en contact avec la terre qui n’est pas une partie du bateau. De même, une roue dans laquelle une souris court prend aussi la terre pour soutien. Pourtant, on pourrait émettre l’hypothèse suivante. Si Tityos, en étant dans le bateau, soufflait avec une force incroyable vers l’avant, il serait possible que le bateau se déplace vers arrière. Ainsi, Tityos, en étant partie du bateau, le tirerait. Dans le cas présent, Tityos est mû car il prend appui sur un bateau lequel il meut. Puisque le moteur mû n’est pas en contact avec la terre ou la mer, cela affaiblit le principe d’Aristote selon la présence du repos à l’extérieur de l’étant. 

IV. Les mouvements corporels de l’animal

La présence du repos à l’intérieur et à l’extérieur de l’animal est une condition importante pour ce qu’il se meuve, mais tous les êtres animés se meuvent de la même manière. En effet, Aristote montre que les animaux disposent d’instruments, de la même manière que les automates [9]. L’articulation d’une souris, par exemple, est comparable à la roue d’un petit chariot. Les extrémités d’un pied sont l’une restant au repos et l’autre qui se meut, alors que les extrémités d’un petit chariot sont ses roues de tailles inégales. L’une qui est mû en étant en contact avec la terre et l’autre, la plus petite, qui est comparable à un axe du cylindre. Les os de l’animal sont l’équivalent des pièces de bois et de fer. Ses tendons sont l’équivalent des fils. Or, si l’une des parties devenait plus grande ou plus petite, il y aurait une spontanéité du mouvement égale chez l’animal et l’automate. Pourtant, la nature de ces mouvements est différente. Dans le cas du petit chariot, ces seuls changements sont des changements quantitatifs et des changements de lieu. Si les roues intérieures devenaient plus petites puis, à l’inverse, plus grandes, les chariots n’auraient pas d’autre mouvement que le mouvement circulaire. Mais, chez l’animal, pendant le changement de configuration, il y aurait une modification interne résultant de la variation thermique par les sensations. L’organe de l’animal produit une différence considérable sous l’effet de la chaleur ou du froid qui accompagnent la pensée et l’image. Ce qui est pénible, par exemple, s’accompagne de froid et l’animal le fuit. Ce qui est agréable est poursuivit par l’animal et cela s’accompagne de chaleur. Ainsi, c’est l’animal qui est cause de ses éventuelles modifications.

Hormis les mouvements volontaires, Aristote distingue aussi les mouvements involontaires et non-volontaires. Par « involontaires », il entend les mouvements qui ont pour principe un désir. Ce sont les réactions spontanées du cœur et de l’organe sexuel. Par « non-volontaires », Aristote entend les mouvements qui n’ont pour principe ni cognition (l’imagination, l’intelligence), ni un désir. Ce sont des processus réguliers, comme la respiration, le sommeil, l’éveil. La modification des parties est, donc, ce qui effectue ces mouvements non-raisonnés et chaque partie est comme un animal séparé. Par exemple, le cœur qui contient les principes des sensations se présente comme une force incontrôlée et autonome. Les organes sexuels sont aussi une sorte de spontanéité physique qui se rebelle vis-à-vis du raisonnement. Ainsi, toute la partie accomplit son opération propre sous l’effet de sa propre nature. À ce sujet, Aristote développe une analogie entre la cité dont les lois sont bien faites et l’animal. Lorsque la cité est régie par de bonnes lois, chaque citoyen remplit la fonction particulière qui lui a été assignée. Par conséquent, la cité n’a pas besoin que le monarque assiste spécialement à tout ce qui se fait. Un ordre tout à fait identique s’organise dans les animaux. Chaque partie accomplit naturellement l’opération qui lui revient et l’âme n’a donc pas besoin d’être présente en chacune.    

Pourtant, c’est le cœur par laquelle l’âme accomplit sa première impulsion motrice [10]. En étant le premier principe corporel du mouvement, le cœur est potentiellement multiple. En d’autres termes, elle peut être le principe de plusieurs parties distinctes. Par ailleurs, la relation entre le principe et les autres parties du corps est dynamique au sens que les mouvements s’accomplissent des parties au principe et du principe aux parties.

Les relations entre le principe et des parties du corps

On a ici le diagramme qui représente le principe par A et des parties par B et C. Ce schéma envisage deux cas de figures. La première figure illustre les séquences BAB et CAC, alors que la deuxième figure montre les transitions par A qui se termine dans une autre partie du corps (A de B, A de C). Or, le principe est au centre du milieu ou les deux côtés peuvent se mouvoir simultanément. Dans la même relation vis-à-vis du cœur se trouve le souffle connaturel qui possède la force capable de mouvoir les autres parties. Aristote argumente que ce pouvoir est nécessaire pour mouvoir des parties dont la nature n’est pas de mouvoir. Ainsi, le cœur et le souffle connaturel seraient capables de subir un mouvement violent, c’est-à-dire contraire à sa nature.

La particularité de chaque partie du corps est de pouvoir accomplir deux opérations premières du mouvement local : la poussée et la traction. Sans un déplacement local, en général, les autres mouvements ne seraient pas possibles. Pour qu’il y ait génération, altération, augmentation, diminution, il faut qu’il ait auparavant des mouvements internes. Ce sont toutes les opérations des parties du corps de l’animal. Du point de vue cosmologique, le mouvement local est le premier puisqu’il caractérise le premier ciel et que ce mouvement là est cause des autres mouvements. Il est donc nécessaire que le corps dispose lui de toute la capacité de déplacement local pour que l’âme puisse exercer sa puissance motrice sur l’ensemble du corps.   

Conclusion

L’animal est mû par son âme et ce mouvement s’effectue grâce à la conjonction de deux facultés : le désir et une faculté cognitive. L’animal est le principe de ses mouvements, mais il doit posséder une partie au repos en tant que principe de mouvement de chaque partie. C’est pourquoi l’organe se définit comme l’animal séparé lorsque il effectue les mouvements locaux sous l’effet d’un principe immobile interne. Par ailleurs, hors de l’animal, il doit y avoir un point d’appui externe. Ce principe est différent de l’animal lui-même. Même s’il est mû, il est en contact avec le moteur absolument immobile. Chaque partie de l’animal possède aussi ce point d’appui externe comme le montre l’exemple de l’articulation. L’âme, qui est le véritable moteur immobile interne de l’animal, se situe en son cœur puisque c’est le siège principal de la faculté de sensibilité. Alors que l’âme est le premier moteur, le cœur est le moteur corporel ultime. Avec le souffle connaturel, il constitue un instrument de transmission entre la faculté désirante et le mouvement. Ce processus provoque des modifications physiologiques qui s’accompagnent de variations thermiques.  Ainsi, l’âme oriente tous les mouvements locaux vers telle fin donnée de l’animal : fuir ou poursuivre quelque chose.  

Références:


  1. Aristote, Traité de l’âme, III, 9, p. 175.
  2. Aristote, Traité de l’âme, III, 10, p. 179.
  3. Aristote, Physique, III, 2.
  4. , De la génération et la corruption, I, 6-7.
  5. Plotin, Première Ennéade, Tom I.
  6. Aristote, Le Mouvement des Animaux. I, p. 53-54.
  7. Aristote, Le Mouvement des Animaux. II, p. 55.
  8. Ibid. III, p. 56.
  9. Ibid. VII, p. 64.
  10. Aristote, Le Mouvement des Animaux. X, p. 70.

Bibliographie:


  • Aristote, De l’âme, édition, trad., présentation et notes par P. Thillet, Paris, Gallimard, Folio-Essais, 2005.
  • Aristote, Le mouvement des animaux, La locomotion des animaux, Traduction et Présentation par P. –M. Morel, Paris, GF, 2013.
  • Aristote, De la Génération et la corruption, Traduction M. Rached, Paris, Les Belles Lettres, 2005.
  • Aristote, Physique, Traduction et présentation par M. Pellegrin, Paris, GF-Flammarion, 2000.
  • Plotin, Les Ennéades, Trad. par M.-N. Bouillet, Librarie de L.Hachette, Paris, 1859