Dans La République, Platon fait l’examen d’une hiérarchie des régimes politiques. Il analyse 5 classes de gouvernement des cités : la classe royale, la timocratie, l’oligarchie, la démocratie et la tyrannie.

La première classe de gouvernement est une aristocratie dirigée par le philosophe-roi. Il est le meilleur des gardiens possibles pour les lois et institutions de la cité puisqu’il a été choisi parmi les meilleurs qui ont acquis la formation exigeante. En réunissant pouvoir et sagesse entre ses mains, le philosophe gardien va guider la cité à l’idée du Bien, la vérité. Dans la cité sous le régime royale, les hommes seront les plus heureux puisqu’ils auront une vie ordonnée, rationnelle et intellectuelle. À travers l’éducation de la cité, le philosophe-roi va faire endormir les parties animales des hommes. Donc, ils ne rechercheront la partie inférieure de l’âme, c’est-à-dire la jouissance, la bravoure et les honneurs.       

La seconde classe de gouvernement est une timocratie. C’est une version de l’aristocratie qui s’est dégradée et a perdu son unité. Sous ce régime, le pouvoir sera donné non pas aux sages, mais aux plus ambitieux. La cité va être gouvernée pour l’honneur. Par conséquent, les citoyens seront plus incités à l’activité de la guerre pour satisfaire l’ambition. Au fur et à mesure que l’homme sous ce régime prendra l’âge, il s’attachera régulièrement à la richesse et propriété privée. Toute la terre et les maisons seront distribuées aux individus, qui en deviennent propriétaires. L’homme du régime timocratique a bien commencé mais finit moins bien et devient cupide. La timocratie est donc un mélange entre la partie rationnelle et la partie des passions et d’agressivité. Elle finira par se corrompre pour devenir le régime oligarchique.

L’oligarchie es un régime politique où une petite partie de la population devient très riche alors que l’autre se paupérise radicalement. Seuls les plus riches peuvent participer aux affaires publiques. Considérés à tort comme les plus habiles à gouverner, ils ne gouvernent que pour le profit personnel. Le citoyen de la cité oligarchique ne cherche au fond que la richesse puisque le riche reçoit les louanges et les marques d’admiration alors que le pauvre ne reçoit que mépris. Par conséquent, les riches et les pauvres conspirent constamment les uns contre les autres. L’absence d’éducation et une constitution défectueuse portent la responsabilité de tous ces vices de l’oligarchie. La transition va donc se faire pour aboutir à la démocratie.

Quand un organisme est en mauvais était, il n’a pas besoin qu’une mince influence extérieure pour succomber à la maladie et tomber dans une révolution démocratique. La démocratie est une victoire des pauvres qui vont décider de chasser et dépouiller des riches. Le régime démocratique va favoriser la liberté et l’égalité. Le citoyen aura le droit de faire ce qu’il veut sans aucune obligation. Celui qui est habile pour gouverner ne le fera que s’il le voudra. Il n’y aura plus aucune spécialisation, puisque n’importe qui pourra faire n’importe quoi. Les hommes vont se lancer dans les activités non nécessaires. Dépourvu d’autorité, la cité démocratique méprise les décisions. La guerre et la paix ne seront pas forcés que selon l’opinion des citoyens. Dans la justice, les gens condamnés à la peine de mort ou à l’exil ne seraient pas poursuivis et se promènerait en toute liberté dans la ville. Par conséquent, c’est un régime agréable mais il n’a ni cadre ni exigence qui règle la vie de la cité. L’égalité réunit les valeurs égales et inégales dans ses partages. Les plaisirs se ressemblent tous et ils ont tous la même valeur.

Cette insatiable désir de liberté et le désintérêt pour toute autre chose va transformer la démocratie à une tyrannie. La cité va être divisée en trois classes : la classe des citoyens qui administrent les affaires publiques sans entrainement et sans vigueur, la classe des riches qui ont su tirer parti de la liberté et la classe des travailleurs qui sont loin des affaires et sans gros revenus. La troisième classe est la plus importante en nombre en puissance dans une démocratie. Elle sera déçue dans son goût effréné de liberté et va accuser les chefs de comploter contre le peuple et d’être des oligarques. Le peuple va glisser vers l’anarchie, alors que les riches vont remonter vers l’oligarchie sans le vouloir vraiment. Cette double fatalité entraine la démocratie dans l’irrationnalité totale. Le tyran va apparaitre se présentant tout d’abord comme un protecteur du peuple. Il va s’assurer le soutien des classes moyennes en les libérant de ses dettes et les redistribuant la terre. Ensuite, le tyran va monter des guerres pour que les citoyens appauvris et ses adversaires soient forcés de s’occuper et puissent moins comploter contre lui. La peur de mourir et l’argent va calmer ceux qui pourraient le renverser. Par conséquent, l’esclavage, la peur, la pauvreté seront les traits dominants du régime tyrannique. L’excès de liberté entraine un changement en sens contraire comme il se fait dans la végétation et les organismes. De même, cette loi se trouve dans la vie de cités. Le peuple a voulu plus de liberté mais finalement l’a complètement perdu.      

Bibliographie :

  • Platon, La République, Librairie Générale Française, 1995, p. 303-316