Dans la République, Platon définit quatre vertus du gardien-philosophe qui devaient orner la Cité idéale. Ce sont la justice, la maîtrise de soi, le courage et la sagesse. Pour percevoir toute la beauté des quatre dispositions naturelles, le gardien devra éprouver l’étude supérieure. C’est la figure idéale du Bien qui est au plus haut niveau, au-dessus de toutes les vertus. Sans cette connaissance du bien, toutes les sciences ne sont d’aucune utilité. Tant qu’on ne connaît pas le Bien, il manque une connaissance effective. La cité ignore ce qu’est le Bien. La foule estime que c’est le plaisir. Les sophistes le mettent dans la pensée en disant que le Bien suprême est dans la pensée. C’est pourtant un faux-semblant. Ils formulent une sorte de cercle, puisque quand on les demande de préciser ce que représente la pensée, ils disent que c’est le bien. Que le philosophe-gardien pourrait monter jusqu’à cette sorte de vérité, très haut placée. Dès que le philosophe possèdera cette connaissance du Bien, il pourra appliquer toutes les sciences pour guider la Cité idéale. Comme chacun possède naturellement l’aptitude de désir innée du Bien, le gardien-philosophe doit l’éveiller, le nourrir et l’orienter.        

Pour décrire la figure idéale du Bien, Platon utilise l’allégorie de la caverne qui met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une grotte. Ayant des entraves aux jambes et au cou, les hommes sont figés à ne voir que devant eux. Derrière eux, un feu brûle et projette la lumière sur le mur. Entre le feu et les détenus, il y a une barrière sur la laquelle des mannequins, les figures animales et d’autres objets fabriqués en pierre ou en bois se défilent par les transporteurs. Par conséquent, les détenus ne voient que les ombres que le feu projette sur la paroi de la grotte. Ils prennent les ombres du matériel transporté pour le vrai.

Supposons que l’un des détenus soit détaché. Il est obligé à se redresser, à tourner le cou, à marcher et à regarder dans la direction de la lumière. En regardant la lumière du feu, il aurait mal aux yeux.  Il est embrassé par des objets plus réels dont il voyait naguère les ombres. Si on trainait ce détenu plus haut jusque l’ouverture de la grotte ou perce la lumière du soleil, l’éclat remplirait ses yeux et empêcherait de voir le moindre des objets qu’on peut qualifier maintenant de vrais. Il commencerait par les choses en bas comme les ombres, l’eau, les gens. Puis, il pourrait regarder les objets célestes, le ciel et le soleil lui-même. Suite aux raisonnements, il se dirait que le soleil est en quelque sorte la cause universelle. C’est lui qui fournit aux objets qu’on voit la faculté d’être vus. En plus, il leur fournit l’arrivée dans l’existence, la croissance et les ressources. Ce que le soleil représente dans l’espace visible pour la vision et les objets de vue, le Bien l’est dans l’espace spirituel pour l’esprit et les objets de l’esprit. Comme le soleil, le Bien agit en souveraine pour dispenser la vérité et l’esprit.

Le philosophe, éclairé par la sagesse, peut redescendre dans la Caverne et y éclairer les autres. La tache du gardien de la Cité est donc de dissiper les ombres à travers l’éducation de chaque citoyen. Comme pour les yeux aveugles où l’on mettrait la vue, on mettrait la connaissance du Bien dans chaque âme pour que le plus vif éclat l’envahisse.   

Bibliographie :

  • Platon, La République, Librairie Générale Française, 1995, p. 303-316