Qu’est-ce qu’il est le jugement esthétique et est ce qu’il y a la spécificité du jugement esthétique quand le jugement esthétique se rapportent à des œuvres d’art. Je vais aborder ces questions par les 4 positions essentielles du jugement esthétique chez Kant. Ce sont les ruptures avec la tradition de la théorie du jugement esthétique.

Chez Kant, le jugement esthétique est un jugement désintéressé à l’existence de l’objet

Qu’est-ce qu’il est l’intérêt chez Kant ? Le jugement intéressé c’est un jugement qui est intéressé à l’existence de l’objet. Si je désire une pomme, c’est la pomme que je désire mais pas l’image de la pomme. Le jugement esthétique, au contraire, est un jugement qui n’est pas intéressé à l’existence de l’objet mais qui est intéressé à sa représentation. C’est l’intérêt qui distingue le sentiment du beau du sentiment d’agréable. L’objet qui est agréable implique nécessairement un intérêt alors que l’objet qui est beau n’implique aucun intérêt.

Hegel reprend cette idée du désintéressement mais il part de l’analyse du désir. Le désir chez Hegel suppose la distance de l’obstacle, l’absence de rapport immédiat avec le sujet. Donc, le jugement esthétique du sujet ne cherche pas à abolir cette distance. Au contraire, il le maintien.  Par conséquent, le jugement esthétique implique nécessairement un désir frustré. Autrement, c’est un désir qui est privé de satisfaction. Hegel distingue l’intérêt artistique de l’intérêt pratique. En ce qui l’intérêt artistique, il laisse subsister l’objet. Par exemple, l’intérêt artistique est la pomme que je regarde dans le tableau. L’intérêt pratique ne laisse pas subsister un objet en tant que tel. C’est la pomme que je mange. Il a aussi la distinction entre un objet esthétique avec un objet théorique ou scientifique. Dans cette distinction, l’objet esthétique est toujours singulier, alors que l’intérêt scientifique est générique et universel.

Selon Kant, le jugement esthétique est un jugement qui prétend à l’universalité, c’est-à dire à la validité universelle et en même temps c’est un jugement subjectif. Ce n’est pas un jugement de connaissance.

Chez Kant, quand je dis quelque chose est belle je prétends que tout le monde la trouve belle. Donc c’est une idée de l’universalité du jugement esthétique. Chez Pascal et La Rochefoucauld, dans le jugement esthétique il y a un partage. Pourtant, ce n’est pas un partage universel. C’est un jugement de distinction qui suppose toujours la validité à l’intérieur d’un groupe. La question qui se pose est de savoir si je peux partager quelque chose si mon expérience esthétique est subjective. La réponse peut être affirmative si je peux partager quelque chose par le fait de parler, autrement par le langage. C’est un langage qui fait passer à l’universalité à partir du moment que j’exprime mon jugement esthétique. Par conséquent, ce jugement esthétique devient une expérience universelle et une expérience publique.

Ce qui est extrêmement important pour comprendre comment fonctionne le jugement esthétique, il faut souligner que le jugement esthétique n’est pas simplement de regarder un tableau. C’est un compte en entier qui a un rapport avec un objet. Par exemple, je peux être fatigué ou avoir faim en regardant le tableau. Donc, le jugement esthétique est un rapport complexe.

Pour finir, il faut noter que le beau est une valeur. Il n’y a rien dans l’objet qui correspond à la propriété du beau. Il y a une propriété relationnelle, c’est-à-dire, il y a une propriété dans la relation entre le sujet et l’objet. Donc, le jugement esthétique est un jugement de valeur.

Bibliographie:

  • KANT, Emmanuel, Critique de la faculté de juger [1790], trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 2000.